La mine d'Akjoujt, une longue histoire (1/3)

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Les recherches archéologiques en Afrique de l’Ouest tendent à montrer, à partir de l’analyse de la composition d’objets retrouvés, et avec la découverte d’excavations minières primitives, que le cuivre de la région d’Akjoujt était déjà connu et utilisé depuis le VIIIe siècle avant notre ère. Dès 1931, les traces retrouvées de ces exploitations antiques ont permis de recueillir les premiers indices.

En 1946, les prospections effectuées dans la zone ont conduit à la découverte du gisement du guelb Moghrein. La Micuma (Mines de cuivre de Mauritanie) a été créée en 1953 sur un modèle identique à la Miferma, dans le but d’en débuter l’exploitation. Les réserves totales étaient alors estimées à 15 Mt de minerais.

Le gisement contient une couche supérieure oxydée, exploitable en talus avec le déblaiement d’un minimum de stériles (2 à 3 Mt de réserves). Le reste des réserves est situé dans une couche de minerai sulfuré plus profonde nécessitant un taux de découverture plus important. Il s’agit d’un gisement à faible teneur en cuivre (entre 2 et 3%), qui contient également 2 g d’or par tonne, et des traces de cobalt. La Micuma a fini par renoncer devant les difficultés de traitement du minerai.

L’affaire est reprise par la Socuma, avec un actionnariat américano-canadien, qui renonce à son tour en 1965.

Mais finalement, en 1967 la Somima (Société minière de Mauritanie) est constituée autour de la compagnie anglaise Charter Consolidated qui détient les droits exclusifs du procédé Torco (Torrefaction Of Refractory Copper Ores) de traitement du minerai. Le procédé, mis au point en Zambie pour un minerai de composition proche, s’appuie sur le grillage à haute température (800°C) du minerai oxydé. Il est donc gros consommateur de fioul. Outre Charter, le « tour de table » de la Somima inclut divers partenaires, dont le BRGM, et l’État Mauritanien qui dispose de 3 sièges au Conseil d’Administration et en assure la présidence. La Somima construit 400 logements, une centrale électrique et une usine de traitement, la route de Nouakchott à Akjoujt est goudronnée.

L’exploitation peut débuter en 1970. Certains se souviendront de cette période comme « l’âge d’or » d’Akjoujt.

Cette même année, la Charter entame une exploration systématique des ressources aurifères du site, en creusant ce qui sera appelé « les tranchées des anglais ». Elles seront refermées, et resteront sans suite jusqu’en 1990.

La production a toutefois du mal à décoller. Elle atteint 22 000 tonnes de cuivre métal en 1973, mais reste déficitaire malgré un cours du cuivre élevé. Une baisse des cours en 1974, mais surtout l’augmentation du prix du pétrole qui fournit l’énergie dont a besoin le procédé Torco, accentuent les pertes ; les actionnaires privés abandonnent leurs actions – et leurs dettes – à l’État mauritanien en 1975. C’est la SNIM – elle en conservera longtemps un mauvais souvenir – qui est chargée de poursuivre cette exploitation pour préserver les emplois, jusqu’au 31 mai 1978. Les réserves de minerai oxydé sont alors quasiment épuisées. L’investissement nécessaire – coûts d’accès et nouvelle usine de traitement – pour la poursuite de l’exploitation du minerai sulfuré sous-jacent n’a pu être financé. Au même moment, le coup d’État du 10 juillet 1978 qui dépose Moktar Ould Daddah fait entrer la Mauritanie dans une période peu favorable à des décisions économiques. Au fil des années, les installations laissées à l’abandon se dégradent.

 

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