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La mine d'Akjoujt, une longue histoire (2/3)

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En février 1981, après une période de sommeil qui voit la ville d’Akjoujt dépérir, une nouvelle société d’économie mixte, la Société Arabe des Mines de l’Inchiri (SAMIN) est constituée avec le concours de capitaux koweitiens, pour envisager une éventuelle reprise d’exploitation. Il s’agit d’abord de tenter de valoriser les traces d’or subsistant dans les terrils – appelés aussi haldes – où sont stockées les 2,5 millions de tonnes de déchets résultant du traitement du minerai par le procédé Torco.

Un premier projet allie concassage et lessivage des déchets avec une solution cyanurée (lixiviation en tas). Un jeune ingénieur algérien, Samir Adnan Fayyad, assure la direction du projet. Ousmane Kane en est le directeur technique.

De nombreux essais de laboratoire sont effectués démontrant la faisabilité technique du projet, avec un taux de récupération intéressant et des coûts maitrisables. Le rapport effectué par KHD Humboldt Wedag est soumis à l’ONUDI et à la SAMIN le 14 octobre 1986 à Paris. La question de l’évolution du cours de l’or est bien entendu au centre de la décision, et le projet est ajourné à la suite d’une projection qui se fondait sur une prévision manifestement trop pessimiste. Samir Adnan Fayyad doit alors partir au début de 1987. Mais en réalité le cours de l’or va passer de 320 à 1 200 USD l’once, redonnant au projet toute sa pertinence.

Ishac Ould Ragel, alors Secrétaire Général du Ministère des Mines, avait plaidé la cause du site auprès de Président Maaouiya Ould Taya. Il est appelé en avril 1987 à diriger la SAMIN, avec la mission de relancer le projet et de faire redémarrer au plus vite l’activité. Il s’appuie sur les cadres de l’ancienne équipe, et notamment sur l’expertise d’Ousmane Kane. Il faut d’une part trouver des partenaires, d’autre part reconsidérer le projet technique. Le procédé de retraitement Hunt, qui s’appuie sur une cyanuration en cuve agitée, est retenu. La société minière australienne General Gold Resources (GGR) est convaincue de participer au projet. Ishac Ould Ragel quitte la direction de la SAMIN en 1989, rappelé en urgence à Nouakchott pour prendre la direction de l’OMRG. Pour autant, il continuera à veiller au devenir du site d’Akjoujt.

L’exploitation d’Akjoujt connaitra encore des vicissitudes : la compagnie MORAK (Mines d’Or d’Akjoujt), filiale commune de la SAMIN et de Minproc Engineers, est créée en 1991. Minproc est une société d’ingénierie minière à qui GGR a confié la conception et la construction d’une usine de retraitement sur la base du procédé Hunt de cyanuration en cuve agitée. La filière consomme 2000 m3 d’eau par jour, puisées à 120 km dans la nappe de Benichab. La mise en œuvre du procédé rencontre des soucis et doit être adaptée. En 1993, General Gold International (GGI), australienne également, se substitue à Minproc au capital de MORAK. Le retraitement des terrils Torco se poursuit alors avec succès jusqu’à son achèvement en 1996. Au total, 158 000 onces d’or seront produites, avec un excellent taux de récupération de 85 %.  Les lagunes d’évaporation des liqueurs cyanurées ont toutefois créé une pollution qu’il a fallu traiter ensuite dans le cadre du projet de nouvelle mine, car si les barrières construites pour les protéger éloignaient bien les troupeaux, elles n’empêchaient pas les oiseaux de venir y boire.

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