Retour

Depuis 2006, comme l'avait imaginé Ishac, le sous sol mauritanien s'impose
comme une ressource diversifiée incontournable pour le pays

Suite

Le projet de renforcement institutionnel du secteur minier, après sa deuxième édition qui couvrait au départ la période 2005 à 2010, a perduré avec des objectifs de plus en plus étendus : délocalisation des populations, environnement, gouvernance du secteur public. En 2020, il était toujours piloté par Soueidatt Samory.

Toutes les zones prioritaires de la Mauritanie bénéficient maintenant d’une cartographie géologique moderne et détaillée à l’échelle du 1/200 000. 

Le code minier a été à nouveau adapté en 2008, confirmant et amplifiant la mise en œuvre des principes que Ishac avait mis en avant. Il est depuis en permanence actualisé. Il en est de même pour le code des hydrocarbures révisé en 2010.

En juin 2007, le canadien Lundin Mining a racheté TML. Puis, en août de la même année, c’est Red Back Mining – également canadien – qui s’approprie l’affaire. Plus tard en 2010 Kinross Gold Corporation rachète Red Back et devient propriétaire de TML. Sur le site, le minerai extrait d’une exploitation à ciel ouvert est traité par broyage et lixiviation en tas. Les réserves prouvées et probables sont en 2020 estimées à 6 330 millions d’onces (environ 180 tonnes d’or), la quatrième réserve d’Afrique. En 2020, la mine a produit 406 509 onces, près de 11,5 tonnes d’or. Depuis 2016, Kinross a investi massivement dans les infrastructures de Tasiast. De 8 000 t de minerai par jour la capacité de production a été augmentée par paliers successifs jusqu’à 21 000 t/j en 2021. L’objectif est d’atteindre 24 000 t en 2023. L’activité qui tourne 24 heures sur 24 7 jours sur 7 fournit du travail à 3 500 personnes, dont 97,5 % de mauritaniens. La mine de Tasiast répond aux meilleurs standards internationaux en termes de sécurité et d’impact environnemental.

Dans la zone du Tijirit, les australiens de Shields Mining ont acquis un permis en 2007. Après avoir réalisé de nombreux forages, Shields Mining a cédé son permis à Gryphon Minerals en 2013. En 2017, Algold, dont le Chief Executive Officer est François Auclair, a pris la main sur Gryphon avec des partenaires mauritaniens, dans le but de démarrer une production d’or dans ce secteur où les réserves ont été récemment réévaluées à 1 500 000 onces, soit 45 tonnes d’or.

L’exploration pétrolière s’est poursuivie. Le gisement Chinguetti est maintenant opéré par Tullow Oil, société irlandaise qui a racheté Hardman, après une première reprise par Petronas. Il n’a malheureusement pas rempli tous les espoirs qu’il avait fait naître, puisque sa production a chuté après quelques années.

Mais son existence a créé un regain d’intérêt pour le potentiel gazier et pétrolier du bassin côtier mauritano-sénégalais. Sur ce bassin côtier offshore, une dizaine de blocs de recherche en eaux profondes sont actuellement opérés par 6 compagnies, parmi lesquelles Total. La zone la plus prometteuse est le gisement de gaz de Grand Tortue Ahmeyim situé sur la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal par plus de 2 500 m de fond, avec des réserves estimées à 450 milliards de m3 ; des accords ont été trouvés entre les deux pays pour sa prochaine mise en exploitation. En 2020, ce champ gazier est en cours de développement par BP et Kosmos Energy. La production de 2,5 millions de mètres cubes de gaz par an doit démarrer en 2023.

Par ailleurs, le bassin de Taoudeni, une zone située dans les terres au centre-est de la Mauritanie où Total est également présent aux côtés de l’espagnol Repsol et d’acteurs chinois, fait l’objet d’une exploration de plus en plus approfondie.

L’OMRG poursuit ses prospections concernant les ressources minérales dans le respect de la législation nationale, c’est à dire en dehors des zones dans lesquelles des permis ont été attribués, avec l’aide du BRGM et de British Geological Survey. L’État mauritanien limite son activité de prospection à deux zones de 5 000 km2, par périodes de 3 ans. Il y avait en 2020 vingt géologues et prospecteurs à l’OMRG. L’office est dirigé depuis 2011 par Ibrahim El Hachemy, revenu au ministère en 2009 après un détour par la société Rio-Tinto. Les attributions de l’OMRG ont été élargies courant 2020 : prenant en charge la gestion des participations de l’état dans les sociétés minières, il est devenu l’ANARPAM, Agence Nationale de Recherches Géologiques et du Patrimoine Minier.

Plusieurs projets d’extension des exploitations de fer sont dans des phases d’études plus ou moins avancées, même si l’évolution des cours du minerai de fer, ces dernières années, a conduit à reporter les mises en exploitation. Glencore Xstrata a racheté la société Sphère d’Alexander Burns, et est maintenant le partenaire de la SNIM dans le projet du guelb El Aouj. Sphere est également impliquée dans les projets d’Askaf et de Lebtheinia. Les réserves potentielles sont immenses.

On dénombrait, à mi-2018, 65 permis de recherche de matières minérales en cours, attribués à une grande variété de sociétés. A la même date, il y a 17 permis d’exploitation : 6 pour le fer dont les 2 de la SNIM, 4 pour l’or dont celui de Tasiast, 1 pour le cuivre, celui d’Akjoujt, 3 pour le quartz, 1 pour le sel, 1 pour le sable noir, et 1 pour le phosphate.

Retour

Suite