Mohammed Ragel (père d'Ishac)
Le père d’Ishac, Mohammed Ragel est né à Boutilimit probablement en 1900.
En 1913, il entre à l’école des fils de chefs et de notables, située à l’époque en haut de la ville près du fort. Puis il est inscrit au Cours Blanchot à Saint-Louis du Sénégal, établissement que fréquentera plus tard le futur Président Moktar Ould Daddah. A la fin de ses études, il est nommé moniteur à l’école de village, créée pour instruire les populations indigènes. Il en prend la direction en 1927 et rejoint peu après un groupe nomade où il devient l’interprète du lieutenant Patrick de Mac-Mahon.
Le 18 août 1932, à la bataille d’Oum Tounsi dans une embuscade tendue par la tribu des Oulad Delim, de Mac-Mahon est tué ainsi que Sidya, le jeune frère de Mohamed, et une trentaine de gardes maures. Lui-même blessé, Mohamed est hospitalisé à Saint-Louis du Sénégal, alors capitale de la Mauritanie. Après six ou huit mois, il est transféré à Dakar pour y poursuivre sa convalescence.
La France est alors en train de constituer l’IFAN (Institut Français d’Afrique Noire) et souhaite créer un fonds documentaire sur la Mauritanie, comme pour les autres colonies d’AOF. Mohamed, désormais « réformé de guerre » rejoint le projet. Il entreprend une longue mission dans les villes saintes d’Ouadane, de Chinguetti et de Oualata et part à la recherche de manuscrits. Leurs propriétaires ne voulant pas s’en dessaisir, il faut les répertorier, les décrire et les transcrire. Pour l’aider dans cette tâche, Mohamed recrute son ami Moktar Ould Hamidoune, jeune et instruit, qui deviendra un historien renommé. Cette mission dure cinq à six ans et Mohamed emmène sa famille dans ses déplacements (Ismaël, un frère aîné d’Ishac, nait à Chinguetti en 1937).
Les résultats de la mission sont présentés au gouvernorat général qui propose, en signe de reconnaissance, la nomination de Mohamed comme interprète du Gouverneur général de l’AOF. Mohamed est aussi nommé membre de la Commission politique de l’AOF, en résidence à Dakar. En 1945, il totalise déjà 22 années de service. « Commis Expéditionnaire » dans le Cadre Local à la Direction Générale des Affaires Politiques Administratives et Scolaires, il sollicite, après plus de vingt ans de service effectif, son intégration dans le Cadre Commun.
Comme on le lui avait promis, il rentre à Boutilimit dans les années 1949-1950 pour s’occuper de ses parents (son père Rajel, décède en 1951) et des affaires de sa tribu, les Oulad Bieri. Il occupe alors le poste d’interprète du Résident (Commandant de fort). Ainsi chargé des affaires administratives de la circonscription, il y joue un rôle social important.